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Le projet « De la fourche à la fourchette », entrepris par le service Environnement de la Commune de Forest (grâce à une subvention de la Politique des Grandes Villes) consiste à soutenir celles et ceux qui cultivent une partie de leur propre alimentation : ateliers techniques pour personnes individuelles, conseils et assistance aux groupes déjà organisés tout d’abord. Bref, des gens qui n’ont pas peur d’être traités d’utopistes avec leur « chipot écolo ».

Ensuite, le projet vise à travailler avec des structures qui travaillent sur le champ de l’aide alimentaire : le CPAS, l’ASBL Entraide & Culture, la Croix Rouge, la Maison Médicale. C’est le fameux adage : « Si tu donnes un poisson à quelqu’un, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toute sa vie ».

Concrètement, 6 (!) axes de travail sont en cours :

  1. Créer un cycle de formations sur la gestion écologique du potager à destination des (futurs) jardiniers, soit potentiellement 175 personnes répartis en 7 potagers collectifs. L’accompagnement comprend 15 modules de 3h de formation de janvier à octobre 2015 et forme à l’agriculture biologique, en combinant théorie, pratique et échanges entre jardiniers. Une charte commune des bonnes pratiques potagères sera élaborée au cours de la formation.  Éventuellement, cela débouchera sur un cycle de formation sur l’alimentation durable pour les potagistes ainsi que sur la distribution de soupe et/ou panier de légumes. En tout état de cause, la volonté est de mettre en réseau les potagers existants via ces formations. Enfin, soyons ambitieux, l’idéal serait la rencontre entre les potagistes, les bénévoles travaillant dans l’aide alimentaire et les bénéficiaires de cette aide, en soutenant des dynamiques qui pourraient naître des premières rencontres.
  2. Créer un cycle de formation sur l’alimentation saine et durable pour les bénévoles de la Croix Rouge, d’Entraide et Culture, en association avec les aides familiales du CPAS et les animateurs santé des Maisons Médicales. Il s’agira de 4 modules de 3h répétés 3 fois, pour couvrir les 18 aides familiales, 6 bénévoles et personnel encadrant d’Entraide et Culture, les 10 bénévoles de la Croix Rouge et quelques animateurs des maisons médicales.
  3. Organiser des séances d’information et de sensibilisation sur l’alimentation pour les publics précarisés, en formant les partenaires cités ci-dessus à l’animation de séances d’information et de sensibilisation pour leurs publics respectifs.
  4. Organiser des journées portes ouvertes des potagers avec distribution de légumes, dégustation et démonstration : visite de potager, distribution et cuisine des légumes du jardin, organisation d’un cyclo tour des jardins collectifs de Forest ouvert au public.
  5. Soutenir les demandes collectives de création de potagers en bacs. 20 bacs potagers ont été commandés ainsi que 50 kits potagers.
  6. Création et animation d’un rucher participatif d’initiation à l’apiculture. L’objectif de ce rucher est :
        • d’initier des forestois à l’apiculture (initiation sur deux ans avec en deuxième année une participation active à la gestion du rucher)
        • d’inscrire la commune dans le vaste mouvement de réimplantation de ruches dans la ville
        • d’organiser des visites didactiques pour les habitants et les sensibiliser ainsi à la problématique de la mortalité des abeilles et de la perte de diversité
        • de partager une production de miel répartie sur deux récoltes annuelles. Une partie de la production sera écoulée via les colis de l’aide alimentaire.

Le volontarisme de la Commune de Forest suscite un grand intérêt : le Centre d’Écologie Urbaine (CEU) nous a sollicités comme partenaires pour son projet « Protopark ». L’objectif de ce projet est d’évaluer la faisabilité et la viabilité économique d’un développement à large échelle de l’agriculture urbaine, avec à la clé :

  • production en circuit court ;
  • alimentation saine ;
  • création d’emploi.

Le CEU en est à la demande de subsides, mais nous attendons évidemment avec autant d’impatience  qu’eux la réponse à leur demande de financement.

Tout ce qui précède peut sembler dérisoire à l’heure où le corps social souffre partout dans notre pays. Peut-être, mais nous pensons que cela vaut le coup, qu’il s’agit de progrès concrets. La lutte pour la souveraineté alimentaire est devenue un enjeu planétaire. Elle s’oppose à la souveraineté du capital. Ce combat est devenu indissociable de l’écologie politique. Nous en parlions ici.

Jean-Claude Englebert

Echevin de l’Environnement